Déjà présent sur les marchés d’exportation depuis quelques années, le secteur des grandes cultures biologiques a grandement bénéficié de la demande accrue pour les produits agricoles biologiques d’ici. Ce développement en accéléré du secteur a été un terreau fertile pour la mise au point de nouvelles techniques et de pratiques culturales favorisant la conservation des ressources (travail minimal du sol, désherbage mécanique, adaptation de matériel, etc.). La production de grains biologiques inspire maintenant de nombreux projets d’agriculture durable qui profitent à l’ensemble du secteur des grandes cultures. Les producteurs tirent parti d’une situation où la demande est loin d’être comblée, tant du côté de l’alimentation humaine que du côté de l’alimentation animale.
Il n’en reste pas moins que les prix guident fréquemment le mode de production privilégié par les producteurs, alors que les grains biologiques entrent en compétition avec ceux certifiés Agrinature et le secteur conventionnel. La hausse importante des prix des grains conventionnels ces dernières années a réduit considérablement le différentiel de prix entre biologiques et non-biologique, réduisant par le fait même l’incitatif financier rattaché à la conversion au biologique. Les principaux défis des producteurs de grains biologiques sont par ailleurs liés à cette situation: L’arrivée sur le marché des grains génétiquement modifiés pour l’alimentation animale est source d’inquiétudes, alors que les possibilités de contamination sont présentes, et la certification Agrinature, moins contraignante, attire de nombreux producteurs1.
Bon nombre des producteurs de grandes cultures biologiques pratiquent une agriculture diversifiée et font aussi une production animale biologique (lait, viande). Le développement de ce dernier secteur de production est par ailleurs limité par le faible volume de grains biologiques disponible pour l’alimentation animale, moins rémunérateur que lorsque les grains sont destinés à la consommation humaine.
La grande majorité des types de grains a connu un accroissement au Québec ces dernières années. Dans les céréales les plus cultivées, seul le blé est affecté par la perte de dix producteurs entre 2006 et 2011. Durant la même période, le secteur a été en progression de 19% dans son ensemble, par rapport au nombre d’entreprises productrices de grains. Dans les faits saillants de cette période, le nombre de producteurs de sarrasin et de seigle a doublé, alors que le houblon, absent en 2006, a fait son apparition dans sa version biologique avec quatre entreprises recensées. 321 producteurs de grains biologiques étaient présents dans la province en 2011, comparativement à 242 en 20062. En 2010, 78 d’entre eux étaient spécialisés en céréaliculture3.
Sources: Conseil des appellations agroalimentaires du Québec 2006 et Conseil des appellations réservées et des termes valorisants, Usage de l’appellation biologique au Québec, Statistiques 2011, 2012.
En ce qui concerne la répartition régionale du nombre d’entreprises productrices de grandes cultures biologiques, les régions de la Montérégie, du Bas-Saint-Laurent, de Chaudière-Appalaches, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du Centre-du-Québec et de l’Estrie représentent à elles seules près de 80% de la production totale de la province. Entre 2006 et 2011, le Saguenay-Lac-Saint-Jean a fait une percée importante, passant de huit producteurs de grains biologiques à 36 en cinq ans. La progression du Bas-Saint-Laurent et de la Montérégie est également à souligner.
Sources: CAAQ 2006 et CARTV, Usage de l’appellation biologique au Québec, Statistiques 2011, 2012.
Si la production de grains biologiques est en pleine croissance, elle ne répond toujours pas à la demande. Le marché est par ailleurs actuellement dominé par des marques fortes, bien positionnées auprès des consommateurs, mais dont plusieurs sont étrangères. Les produits de boulangerie et les céréales pour déjeuner sont les aliments transformés biologiques les plus populaires auprès des Québécois. Avec un taux de pénétration de 5%4, le plus élevé des secteurs biologiques québécois, et une gamme de produits facilement accessibles pour les consommateurs curieux, l’accroissement du bassin de producteurs et le développement d’initiatives de coordination verticale sont prioritaires. Les entreprises québécoises doivent donc continuer leur croissance et innover pour se démarquer.
1, 3 et 4. Source: ÉcoRessources Consultants, pour la Filière biologique du Québec, 2012.
2. Source: Conseil des appellations réservées et des termes valorisants, Usage de l’appellation biologique au Québec, Statistiques 2011, 2012.